Méditation à partir du logo de l’année de la Miséricorde

Le 2ème dimanche de Pâques est appelé aussi, depuis l’an 2000, le dimanche de la Divine Miséricorde. C’est le pape saint Jean-Paul II qui a souhaité cette dénomination, en écho à la prière d’ouverture de ce dimanche: « Dieu de miséricorde infinie, tu ranimes la foi de ton peuple par les célébrations pascales ; augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés. » Jean-Paul II mourut la veille de ce dimanche de la Divine Miséricorde en 2005. Et en l’honneur de sa dévotion à la miséricorde, sa béatification eut lieu le 1er mai 2011 et sa canonisation le 27 avril 2014, deux dimanches de la divine Miséricorde. En 2015-2016, le pape François a souhaité que l’Eglise universelle célèbre une année jubilaire de la Miséricorde. A cette occasion, une image a été proposée pour accompagner cette année sainte.

La voici :

Ce logo est l’œuvre du Père Rupnick, qui a réalisé les mosaïques sur la façade de la basilique du Rosaire à Lourdes, évoquant les mystères lumineux. C’est bien plus qu’un logo, mais une vraie somme théologique de la miséricorde. Pour bien entrer dans la compréhension de ce logo, il nous faut regarder élément par élément. Il est porteur d’un vrai message spirituel.

On voit donc un homme portant un autre homme sur ses épaules. Qui est l’homme qui porte ? C’est le Christ. Qui est l’homme qui est porté ? C’est toute l’humanité. Cet homme porté sur les épaules rappelle la posture du bon berger qui retrouve la brebis perdue, c’est l’une des paraboles de l’Evangile. Regardons aussi cette icône du bon pasteur :

Nous lisons dans l’Evangile selon saint Luc :

« Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” »

Luc 15, 03

R/ Tu es mon berger, ô Seigneur, rien ne saurait manquer où tu me conduis.

Dans la vallée de l’ombre, je ne crains pas la mort, Ta force et ta présence seront mon réconfort

Cet homme porté sur les épaules peut évoquer aussi une autre parabole : celle du bon samaritain qui sauve l’homme qui était tombé sous les coups de bandit.

Nous lisons dans l’Evangile selon saint Luc :

Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Luc 10, 30-37

Ce samaritain, saisi de compassion charge l’homme blessé sur sa monture et va le conduire dans une auberge et prend soin de lui. On voit dans la figure de ce bon samaritain la figure du Christ qui vient relever, soulager, guérir, prendre sur lui toutes nos blessures. Une autre icône représente aussi cette scène de l’Evangile :

Ô Seigneur, je viens vers toi, je viens vers toi, je te cherche, mon Dieu,
Ô Seigneur, écoute-moi, écoute-moi, je t’espère, mon Dieu.

Toi, Seigneur, tu es l’amour, moi, j’étais perdu Toi,
tu es toute tendresse, moi, je cherche ta main

Nous sommes aussi frappés par le regard de ces personnes. Les deux personnes se regardent. Et nous connaissons le regard du Christ à travers les Evangiles, c’est un regard d’amour, de tendresse. Rappelons-nous la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche : Saint Marc nous dit : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » (Marc 10,21.)

Mais quelque chose de curieux est représenté, L’œil du Christ et l’œil de l’homme se confondent. Ils ont un œil en commun. Par-là, on peut comprendre que le Christ, que Dieu, regarde l’humanité avec bienveillance, il garde un œil ouvert sur notre misère. Et inversement, l’homme, l’humanité, chacun de nous, est invité à regarder Dieu en vérité, à lever les yeux vers lui en toute confiance, comme un petit enfant. Le christ se laisse regarder, se laisse approcher, Et il nous invite à regarder toute l’humanité, comme lui, par lui. Nous sommes invités à regarder nos frères, surtout ceux qui sont dans la misère, avec les yeux du Christ

N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ, laisse-toi regarder car il t’aime !

Il a posé sur moi son regard, Un regard plein de tendresse.
Il a posé sur moi son regard, Un regard long de promesse.

Sur la tête du Christ, nous voyons comme une auréole, Cela représente bien sûr la divinité du Christ, mêlée à l’humanité.

Certains disent qu’on dirait une bouée de sauvetage.

Pourquoi pas… Jésus est notre sauveteur, notre sauveur. Il vient nous repêcher, nous rattraper alors que nous sommes en danger, empêtrés, embourbés dans notre péché.

Regardons les mains du Christ.

Nous voyons qu’il serre les mains et les pieds de la personne qu’il tient sur ses épaules. Dans l’Evangile de Marc nous lisons

« Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. …
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. …
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. … »

Marc 9, 43-47

Le Christ se saisit de ces 3 éléments, main, pied et œil pour les envelopper de sa miséricorde, pour signifier le pardon qu’il donne pour toute forme de péché.

Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle Changez de vie, croyez que Dieu vous aime !

Je ne viens pas pour condamner le monde : Je viens pour que le monde soit sauvé.

Nous voyons aussi les couleurs des vêtements des deux hommes. La couleur or, ocre de l’homme sur les épaules, est la couleur de l’humanité Et Jésus est vêtu de la couleur blanche, couleur de la divinité, couleur de la résurrection. Cependant, le blanc est marqué aussi de la couleur ocre à certains endroits. Ainsi, en Jésus, l’humanité se mêle à la divinité. Jésus est le nouvel Adam qui vient relever, racheter le vieil Adam. En quelle sorte, Jésus se mêle à cette humanité, il s’en couvre, il s’en salit, pour prendre sur lui, pour relever l’homme pécheur.

On voit aussi les deux ceintures, rouge, la même portée par Jésus et par l’homme. La couleur rouge est la couleur du témoignage, du don, du service jusqu’au bout. Cela rappelle l’Evangile du lavement des pieds où Jésus se met un linge à la ceinture, et qui nous invite à être disciples, serviteurs pour tous.

Dans l’Evangile selon saint Jean, nous lisons :

Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.

Jean 13, 3-5

Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ! (bis)

Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils.

Nous voyons des marques rouges sur les mains, sur les pieds, ce sont les plaies laissées par la crucifixion. Nous voyons aussi comme deux planches noires au niveau des pieds. C’est le bois de croix qui a porté Jésus. La couleur noire de la mort tranche avec la couleur blanche du vêtement du Christ ressuscité. Cela reprend aussi la représentation orientale de la Résurrection : Jésus ouvre les portes des enfers, il en sort victorieux et il en ramène tous ceux qui étaient captifs de la mort.

La plus grande preuve de la miséricorde de Dieu est la résurrection même du Christ ; La Résurrection est l’acte éclatant de la miséricorde de Dieu.

Saint Pierre le dit bien dans sa 1ère lettre

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts.

1 Pi 3,9

Le pied du Christ ressuscité dépasse le cadre, comme s’il quittait son univers de gloire pour aller encore plus loin, pour rejoindre un autre espace, rejoindre notre humanité. Jésus, tout en étant ressuscité, ne nous laisse pas seuls, il reste avec nous, il demeure avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps.

Souviens-toi de Jésus Christ ressuscité d’entre les morts.
Il est notre salut, notre gloire éternelle !

En lui sont nos peines, en lui sont nos joies.
En lui l’espérance, en lui notre amour.

Ces deux personnes sont donc contenues dans une forme ovale, en forme d’amande ou une mandorle pour reprendre le terme iconographique. Cette forme représente aussi l’humanité et la divinité du Christ, personnage central. Et l’homme est aussi appelé à la divinité, s’il accepte d’être miséricordieux comme le Père est miséricordieux.

On voit qu’il y a un dégradé de couleur, du plus foncé au plus clair. Cela donne du mouvement. Comme si l’on passait des ténèbres à la lumière, de la nuit vers le jour. Il y a un mouvement ascendant, comme un dévoilement, quelque chose qui se découvre peu à peu, comme si les personnes sortaient d’une zone sombre vers une zone plus claire. Le Christ fait sortir l’homme de la nuit du péché et de la mort pour l’emmener vers le jour nouveau, vers la vie nouvelle, vers le pardon.

Il y a là aussi quelque chose du mystère de Pâques qui est exprimé. La miséricorde est une expérience pascale.

Nous pouvons voir aussi le Christ sortant du tombeau sur l’icône de la Résurrection :

Chrétiens, chantons le Dieu vainqueur ! Fêtons la Pâque du Seigneur !
acclamons-le d’un même cœur !

Alléluia ! Alléluia ! alléluia ! alléluia !

De son tombeau, Jésus surgit, Il nous délivre de la nuit,
et dans nos cœurs, le jour a lui, alléluia !

Voici donc quelques repères pour nous aider à entrer dans la compréhension mais aussi la méditation de ce logo, cette icône du jubilé de la Miséricorde.

Voici, pour conclure, une des prières de sainte Faustine, la servante de la Divine Miséricorde :

Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d’après les apparences extérieures, mais que discerne la beauté dans l’âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.

Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses et, remplies de bonnes actions, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain.

extraits du « petit journal », n°163

Chant de l’année jubilaire de la Miséricorde

Il a pour nom « miséricorde », Dieu de tendresse et de pitié,
Dieu qui se donne et qui pardonne, car éternel est son amour !

Passe la Porte, prends courage, toi que retient le désespoir,
Rappelle-toi les pas, à la brise du soir : c’est le Seigneur, Il te cherche !

Quitte la terre où tu t’enlises pour le pays qu’il t’a promis !
Nos pères dans la foi ont marché avec Lui. C’est le Seigneur. Il t’appelle.

Passe les eaux de servitude, largue le joug de ton péché !
Contemple la nuée sur les flots refermés : c’est le Seigneur ! Il libère.

Prête l’oreille à ses prophètes : dans ton exil il te rejoint !
Reçois de Lui la loi qui te porte en chemin ! C’est le Seigneur, Notre Père !

Comme le Père te fait grâce, remets les dettes sans tarder,
pour vivre dans la joie en enfant pardonné, car le Seigneur te rachète !

Guette le temps de la promesse. Vienne le jour du Serviteur !
Image du Très-Haut, Il nous ouvre son cœur. C’est le Sauveur, notre frère!

Passe la Porte du Royaume, les pâturage(s) ont reverdi !
Regarde vers la Croix d’où s’écoule la Vie : c’est le Sauveur, Il nous aime !

Viens partager le Pain des pauvres, l’Agneau t’invite à son Festin !
Sans crainte, lève-toi, Il te prend par la main ! C’est le Sauveur, Il t’espère.

Passe la Porte avec l’Église, rejoins le peuple des témoins,
fidèle à son Esprit, chaque jour, va plus loin ! Suis le Sauveur, Il t’entraîne !

Gloire et louange à notre Père, gloire à son Fils ressuscité !
Louange à l’Esprit-Saint ! Gloire à Toi, Trinité ! Gloire au Seigneur pour les siècles!