La richesse n’est pas pour soi mais « pour être donnée », prévient le pape

Visite À La Paroisse San Pier Damiani

Les personnes aisées doivent comprendre « que leur richesse n’est pas pour eux mais qu’elle est pour être donnée, pour être administrée. S’ils ne l’administrent pas eux-mêmes, c’est le diable qui l’administre contre eux », a prévenu le pape François en visite dans la paroisse San Pier Damiani, dans la périphérie sud-ouest de Rome, le 21 mai 2017. Il a souligné : « Quand l’Église, ou une église ou une paroisse ou une communauté oublie les pauvres… elle célèbre mal l’Eucharistie ».

« Ceux qui ont besoin, les plus démunis, dans une paroisse, sont les joyaux de la paroisse », a insisté le pape François en rencontrant les familles assistées par la Caritas locale : « L’Église doit être proche des pauvres. Jésus n’est pas né dans le palais d’Hérode, il est né dans une mangeoire ».

Le pape a aussi invité à prier « pour les riches qui ont trop, qui ne savent que faire de leur argent et qui en veulent davantage… nous ne devons pas haïr les riches, non ; cela n’est pas chrétien. Nous devons prier pour eux, pour qu’ils fassent un bon usage de leur richesse, parce que la richesse n’est pas à eux : elle est à Dieu qui la leur a donnée pour qu’ils l’administrent ».

Voici la traduction intégrale du discours prononcé par le pape d’abondance de cœur.

 

Discours du pape François

Je vous remercie. Le curé a employé le mot « joyaux » : ceux qui ont besoin, les plus démunis, dans une paroisse, sont les joyaux de la paroisse. Ici, à Rome, vous connaissez la tradition du diacre saint Laurent quand, aux premiers temps des persécutions, les autorités, pour négocier, lui ont promis de sauver la vie de tous les chrétiens et ont demandé – parce qu’il était le trésorier, l’administrateur – d’apporter tous les trésors du diocèse de Rome. Le jour où il devait les apporter, il y est allé avec tous les pauvres de la ville. Les pauvres sont le trésor de l’Église. C’est dur, souvent on souffre, comme l’a dit le curé, quand on n’a pas à manger ou qu’on manque de travail, ou les divorces ou d’autres choses… Et l’Église doit garder les pauvres parce qu’ils sont son trésor. Un trésor réel, réel, vivant. C’est vrai, la Vierge Marie est notre trésor, mais elle est au ciel, elle nous aide ; Jésus dans l’Eucharistie, dans le tabernacle ; et les pauvres sont le trésor vivant de l’Église. Et quand l’Église, ou une église ou une paroisse ou une communauté oublie les pauvres, je dirais qu’elle célèbre mal l’Eucharistie si elle n’est pas capable de comprendre le trésor des pauvres. C’est vrai que la pauvreté est une croix, mais Jésus l’a vécue : il était pauvre, il l’a vécue. Il était pauvre. Il menait une vie de pauvres et les premiers chrétiens, beaucoup étaient pauvres, mais ils avaient la foi en Jésus et ils suivaient Jésus. Et ainsi, puisque les pauvres sont le trésor de l’Église, Jésus dit aussi : « Faites attention, parce qu’il y a un autre trésor : les richesses, trop de richesses. Et celles-ci ruinent l’âme ». C’est l’Évangile. Ce n’est pas pour être en colère contre une personne riche, non. C’est pour prier pour lui. Nous devons prier pour qu’elle ne devienne pas corrompue, pour que les choses puissent avancer ? Mais le diable entre par les poches, toujours : il corrompt… Le curé disait qu’il avait fait la cuisine comme il avait pu parce que la bureaucratie… la bureaucratie… On te dit : « Oui, oui, nous devons faire ceci, ceci… – Mais c’est trop compliqué, n’y a-t-il pas une autre manière ? – Si…  [il fait un geste avec les mains] la bureaucratie, en général, se résout avec les pots de vin. Mais tu vois ? [il indique l’ambiance de la salle] C’est un bon chemin, c’est un bon chemin… Lui [le curé] l’a faite comme il l’a voulue et il n’y a pas de problèmes. Mais je dis ceci pour que vous fassiez attention : c’est vrai, c’est difficile de ne pas avoir le nécessaire. C’est vrai. Mais sachez que le pauvre est le trésor de l’Église et que l’Église, les prêtres, les évêques, le pape doivent prendre soin des pauvres, de ceux que la société rejette. Aujourd’hui, combien perdent le travail ! Combien de personnes ne peuvent pas rapporter le pain à la maison ! Et quand un homme, une femme, qui doit rapporter le pain à la maison, n’a pas de travail, il se sent sans dignité : parce que le travail nous donne la dignité. L’Église doit être proche des pauvres. Jésus n’est pas né dans le palais d’Hérode, il est né dans une mangeoire. Et cela, nous devons le savoir. Et nous devons aussi prier pour les riches, pour les riches qui ont trop, qui ne savent que faire de leur argent et qui en veulent davantage. Les pauvres ! Jésus nous raconte, dans l’Évangile, ce riche qui faisait des banquets et des fêtes et à sa porte il avait un pauvre et le pauvre était avec les chiens, là, il mangeait les choses qui tombaient de la table du riche. Jésus nous raconte ceci. Mais nous ne devons pas haïr les riches, non ; cela n’est pas chrétien. Nous devons prier pour eux, pour qu’ils fassent un bon usage de leur richesse, parce que la richesse n’est pas à eux : elle est à Dieu qui la leur a donnée pour qu’ils l’administrent. Et les riches, ceux qui ne comprennent pas ce message, la mettent dans leurs poches ; et c’est terrible. Mais il y a des personnes qui ont de l’argent et qui sont généreuses, qui aident, administrent et mènent une vie austère, une vie simple, une vie de travail. Il ne faut pas haïr, non, non ! Prier pour ces riches qui n’ont pas compris que leur richesse n’est pas pour eux mais qu’elle est pour être donnée, pour être administrée. S’ils ne l’administrent pas eux-mêmes, c’est le diable qui l’administre contre eux.

Je vous bénis. Je vous souhaite que le Seigneur soit proche de vous, qu’il soit proche de vos souffrances, qui sont nombreuses. Le mieux que vous puissiez faire et de prier pour ceux qui peuvent résoudre votre situation et qui, par égoïsme et par inconscience, ne savent pas le faire ou ne le veulent pas.

Et vous, priez pour moi !

 

© Traduction de Zenit, Constance Roques