De la fin du Christianisme inconscient

Les faits divers récents et quotidiens nous lancent au visage une violence toujours plus présente. Face à la violence le Seigneur Jésus est un beau contraire ; il n’ouvre pas la bouche, il offre sa vie aux violents, il empêche Pierre d’user de la force, il se laisse crucifier, lui, l’innocent.

Heureux les doux, ils auront la terre en partage, heureux les pacifiques…

L’indifférence religieuse ou l’ignorance de l’Évangile est-elle un facteur de violence ? J’ai tendance à le penser. Bien sûr la violence est inscrite dans l’humanité blessée par le péché, mais l’Évangile de Jésus vient petit à petit faire son ouvrage dans l’homme qui y adhère, corrigeant ses mœurs, canalisant ses passions, endiguant la violence.

Il doit y avoir une sorte de lien entre une société qui cesse d’être irriguée par l’Évangile et un accroissement de la violence. S’il n’y a rien de supérieur à l’homme, si aucun Dieu paternel n’est reconnu alors, pourquoi devrais-je considérer mon voisin comme un frère ou un prochain à aimer et servir ? Sur quelles bases la fraternité devrait-elle se construire ? Sur quels fondements devrais-je respecter l’autorité d’un chef d’état ? …

Si nous avons une impression de dégradation progressive de la paix civile c’est peut-être qu’après avoir vu la fin du christianisme de société, ou presque tout le monde allait à l’église, nous assistons à la mort du christianisme inconscient par lequel des valeurs tirées de l’Évangile subsistaient encore dans les comportements moraux des gens lambda : le partage, la tolérance, la générosité, la fraternité, le pardon mutuel etc.

Peut-être que ces valeurs, elles-mêmes coupées de leur source évangélique, se fanent.

Alors il va falloir évangéliser ! Sans quoi nous risquons de retourner aux mœurs mérovingiennes quand l’homme était un loup pour l’homme.

Abbé Louis-Emmanuel Meyer