Edito de Noël

Chers frères et sœurs, gardons une grande paix et une grande sérénité, dans la pleine conscience que nous tous, moi le premier, sommes des « serviteurs inutiles » (Lc 17, 10) auxquels le Seigneur a fait miséricorde. C’est pourquoi il serait beau que nous cessions de vivre en conflit et que nous recommencions au contraire à nous sentir en chemin, ouverts à la crise. Le chemin est toujours en relation avec des verbes de mouvement.

La crise est mouvement, elle fait partie du chemin. Le conflit, en revanche, est un faux chemin, il est un vagabondage sans but ni finalité, il signifie rester dans le labyrinthe, il est seulement gaspillage d’énergies et occasion de maux. L’Évangile raconte que les bergers ont cru à l’annonce de l’Ange et qu’ils se mirent en route vers Jésus (cf. Lc 2, 15-16). Hérode, en revanche, s’est fermé au récit des Mages et a transformé cette fermeture en mensonge et en violence (cf. Mt 2, 1-16). Que chacun de nous, quel que soit la place qu’il occupe dans l’Église, se demande s’il veut suivre Jésus avec la docilité des bergers ou avec l’autoprotection d’Hérode, le suivre dans la crise ou se défendre de lui dans le conflit.

Permettez-moi de vous demander expressément, à vous tous qui êtes au service de l’Évangile, un cadeau Noël : votre collaboration généreuse et passionnée pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, surtout aux pauvres (cf. Mt 11, 5). Souvenons-nous que seul connaît vraiment Dieu celui qui accueille le pauvre qui vient d’en bas avec sa misère, et qui, sous cette apparence, est envoyé d’en haut ; nous ne pouvons pas voir le visage de Dieu, mais nous pouvons en faire l’expérience lorsqu’il se tourne vers nous, lorsque nous honorons le visage du prochain, de l’autre qui nous engage avec ses besoins. Le visage des pauvres. Les pauvres sont le centre de l’Évangile. Et il me vient à l’esprit ce que disait ce saint évêque brésilien : “quand je m’occupe des pauvres, ils disent de moi que je suis un saint ; mais quand je me demande : pourquoi tant de pauvreté, ils disent que je suis un « communiste ».

Meilleurs vœux à chacun de vous, à vos familles et à vos amis. Et merci, merci pour votre travail, merci beaucoup ; et, s’il vous plait, priez sans cesse pour moi afin que j’ai le courage de rester en crise. Bon Noël !

Extrait du discours du pape François à ses collaborateurs pour la fête de Noël