Le 6 septembre 2019, Monseigneur Jean-Paul Jaeger fêtera ses 75 ans. Comme le veut le code de droit canonique depuis 1983, l’évêque d’Arras est donc « prié » de démissionner de son poste. Le père évêque, ordonné évêque le 2 juin 1991 et évêque d’Arras depuis le 12 août 1998, nous explique le fonctionnement de cette procédure.
Monseigneur, que dit le code de droit canonique concernant la démission d’un évêque ?
Le canon 401 alinéa 1 dit ceci : « L’Évêque diocésain qui a atteint soixante-quinze ans accomplis est prié de présenter la renonciation à son office au Pontife Suprême qui y pourvoira après examen de toutes les circonstances. » Ce texte fait suite au document du concile de Vatican II sur le ministère des évêques. Auparavant, les évêques étaient inamovibles, et beaucoup mouraient en poste.
Le code de droit canonique « invite » l’évêque à remettre sa démission à l’âge de 75 ans. Il ne s’agit donc pas d’une obligation ou d’un terme automatique. De façon unanime les évêques français respectent cette invitation et adressent une lettre au pape lui faisant part de leur souhait d’être relevé de leur charge. Cette lettre peut être envoyée au pape dès que les 75 ans sont atteints, par l’intermédiaire du nonce apostolique, l’ambassadeur du pape en France et son représentant auprès de l’Eglise en France.
Que se passe-t-il une fois que la lettre de démission est envoyée au souverain pontife ?
Le pape peut accepter ou refuser la démission. Il peut en suspendre l’acceptation jusqu’au moment où un successeur est nommé. Dans ce cas, il prolonge, de fait, la mission de l’évêque. Si la démission est immédiatement effective, un administrateur est désigné jusqu’à l’entrée en fonction d’un nouvel évêque. Cet administrateur est nommé par le pape ou élu par le collège des consulteurs. La démission de l’évêque est toujours soumise à la décision du pape. Dans la plupart des cas, l’évêque reste en poste quelques mois, jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé.
Un évêque peut-il demander à quitter son poste avant ses 75 ans, l’anticipation est-elle possible ?
Pour des raisons qu’il exposera au pape, un évêque peut émettre le souhait d’être relevé de sa charge avant ses 75 ans ou à l’échéance plus ou moins stricte de ses 75 ans. La santé contraint parfois des évêques à proposer leur démission bien avant l’âge de 75 ans. Encore une fois, rien n’est systématique. La décision appartient au pape.
Vous avez-vous-même été évêque coadjuteur dans le diocèse de Nancy, n’est-ce pas ?
Tout à fait. J’avais été nommé auprès de Monseigneur Bernard le 11 avril 1991, j’ai été ordonné le 2 juin 1991. Comme tout évêque coadjuteur, j’ai automatiquement succédé à Monseigneur Bernard quand sa démission a été acceptée, le 30 novembre 1991. Je suis devenu alors évêque de Nancy et Toul et Primat de Lorraine.
La nomination d’un évêque coadjuteur donne un temps d’adaptation au futur évêque titulaire et, par le caractère automatique de la succession, évite toute période transitoire.
Que se passera-t-il quand le pape nommera un nouvel évêque d’Arras, suite à votre renonciation ?
De deux choses l’une. Si le pape accepte ma renonciation avec effet immédiat, un administrateur sera nommé ou élu comme je le dis plus haut. Je deviendrai évêque émérite d’Arras. Si le pape diffère l’acceptation de la renonciation, je poursuivrai normalement ma mission. Le jour où un successeur sera nommé, je serai vraisemblablement nommé moi-même administrateur par le pape jusqu’à la date où le nouvel évêque prendra possession de sa charge. A ce moment cessera la fonction d’administrateur et je deviendrai évêque émérite comme le stipule le canon 402 alinéa 1 du code de droit canonique.
Des fonctions disparaissent le jour où la renonciation de l’évêque titulaire est acceptée : lesquelles ?
Celles du vicaire général, du vicaire épiscopal ou des vicaires épiscopaux s’il y en a plusieurs, du conseil presbytéral et du conseil diocésain de pastorale. Par le fait même, le conseil de l’évêque cesse ses fonctions. Il appartiendra au nouvel évêque de nommer de nouvelles personnes à ces charges et de faire procéder au renouvellement des conseils. Il est libre de ses choix.
Restent en fonction le chancelier, en l’occurrence la chancelière, car elle doit dresser des actes, l’économe diocésain car la vie matérielle du diocèse doit continuer, et le conseil des consulteurs qui peut être chargé d’élire l’administrateur et de l’assister dans l’exercice de sa charge.
Propos recueillis par Tiphaine MALFAIT
Source : Diocèse d’Arras