Qu’est-ce qu’une belle messe ?

Monseigneur David Macaire célébrant une eucharistie

Dans un séminaire, un professeur de Liturgie avait posé un jour cette question : « En fonction de quoi diriez-vous qu’une messe est belle ? »… Question puissante, et même vitale, au moment de commencer une année liturgique. L’eucharistie, « source et sommet de notre vie chrétienne », va nous rassembler en famille et sera le cadre de notre sanctification. De célébrations en célébrations, nous allons suivre le Christ en chacun des mystères du salut et prendre le chemin de la Vie éternelle.

 

Différents ministres se mobiliseront à chaque messe pour que la grâce et la mission baptismales de tous soient renouvelées par l’Esprit, pour que les familles trouvent les forces utiles au combat, pour que les jeunes se sentent accueillis fraternellement et restent fidèles, pour que les prêtres reçoivent la grâce de persévérer dans la paix et surtout pour que Dieu soit honoré. Mais quels sont les critères qui vont présider à nos choix liturgiques en vue de réaliser de belles célébrations ?

On pense d’abord à la qualité des chants !? Mais à quel moment sont-ils beaux : quand ils nous ont fait pleurer ou quand ils nous ont fait prier !?? Quand les paroles sont poétiques ou quand elles expriment bien la foi et les textes du jour ? Quand toute l’assemblée a chanté ou quand les chants ont été bien interprétés par le chœur et les musiciens ? Quand c’est de la grande musique sacrée ou quand on y retrouve la culture locale ou encore de simples ritournelles que l’on peut chanter sous sa douche ?

Et la conformité aux normes liturgiques de l’Eglise ? Le respect du missel est-il une priorité ? Va-t-on surtout regarder les gestes et les déplacements des ministres, la perfection du service, le rythme et l’absence de temps morts dans la célébration ?

D’un autre côté, il y a le sens de ce qui a été dit et célébré ! Une messe est-elle belle lorsqu’on a entendu de beaux passages de la Bible ? ou lorsque la Parole a été bien proclamée ? Et l’homélie !? Une bonne messe n’est-ce pas finalement rien d’autre qu’une bonne homélie qui nous a touchés, frappés, illuminés, convertis !? Est-elle moins belle si le sermon nous a troublés, ennuyés, agacés, révoltés… ?

La personnalité du prêtre compte-t-elle (sympathique, grincheux, accueillant, jeune ou âgé, …) ? La messe du père « Y » est-elle alors plus belle que la messe du père « Z » ?

Parlons de l’assemblée !? Elle aussi a part à la beauté de la liturgie, non ? Une communauté unie, attentive, joyeuse, bien habillée, recueillie et accueillante, qui arrive à l’heure et participe, n’est-ce pas ce qu’il y a de plus magnifique ? Et pour que quelqu’un soit touché au cours du culte, le fait de jouer un rôle liturgique n’est-il pas déterminant ? Ainsi que la présence dans l’assemblée d’amis ou de proches… !? Mais que dire, inversement, si un petit groupe a tout préparé, tandis que d’autres ne sont que de simples spectateurs ?

On ne peut ignorer des détails techniques, ils sont incontournables : le bon fonctionnement de la sono, les lumières, la durée, l’horaire, l’accueil, les annonces, les services offerts autour de la messe, l’esthétique des ornements, l’église elle-même, son décor, sa propreté, son fleurissement, les œuvres d’art ?

Enfin, trois questions fondamentales : Une belle messe est-elle signe d’une bonne paroisse ? Peut-on juger le culte comme une émission de TV (dans ce cas, la beauté de la liturgie dépendrait alors du sentiment de ceux qui assistent, un peu comme une thérapie collective faite pour que chacun aille mieux après) ? Et puis, la liturgie est-elle pour Dieu ou pour les hommes ?

Je vous propose, de mon côté, un principe unique pour rendre belle et bonne toute célébration, quels que soient les moyens : chacune des questions précédentes (qu’il faut se poser !!) acquiert, par cet élément, une dimension surnaturelle ! Ce critère unifie tous les avis et tous les goûts : c’est l’amour !

L’eucharistie, c’est le sacrement de la Communion des hommes avec Dieu et entre eux. Chaque messe est la réalisation en acte du commandement du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces et ton prochain comme toi-même ». L’Amour, donc, est le seul élément qui doit se retrouver dans tous les autres, toutes les personnes, tous les actes, tous les moments de la messe, avant, après et pendant.

Seul l’amour rend la messe belle. Sinon la liturgie, n’est plus l’œuvre de Dieu : elle n’est qu’une cymbale qui résonne…

+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

Article d’origine sur martinique.catholique.fr