Réponses aux questions posées au petit-dej de la foi : La Création

Questions/Réponses sur la Création

Ci-dessous des réponses aux questions posées au petit-déjeuner de la foi sur la Création, avec le Père Louis-Emmanuel.

 

1) Très clair sur la création de l’homme, mais que sait-on de la création de Dieu lui-même ?

Les philosophes grecs [1], avant Jésus, disaient déjà que Dieu est cause première. C’est-à-dire que sans lui rien n’existe : ni cette pierre, ni cette rose, ni ce chat, ni moi, ni le soleil, pas même les autres planètes. Rien, absolument rien.
Il est la source de tout ce qui existe. Cela signifie qu’il est incréé, qu’il n’a pas été créé. Dieu existe de toujours à toujours. Il n’est pas une créature. Il n’y a donc pas de création de Dieu. Personne n’a créé le créateur. C’est ce que dit le début de l’Évangile selon saint Jean : « Au commencement était le Verbe […] et le Verbe était Dieu. Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait. » [2]
Et le catéchisme : « Dieu seul, […] a créé le monde à partir du néant et a appelé toute chose à l’existence. Tout ce qui existe dépend de Dieu et n’a donc de consistance que parce que Dieu lui donne d’être » [3].
Avant la création du monde il n’y avait donc rien de créé, mais Dieu est là.

Notes :

  1. ARISTOTE, Physiques, L. VIII ; Métaphysiques, L. XII.
  2. Jean 1, 1-3.
  3. Youcat, n°44.

 

2) Dieu a créé l’univers. S’il y a de la vie sur d’autres planètes, Dieu est-il présent aussi ailleurs que pour veiller sur la terre et tout ce qui la peuple ?

Les télescopes spatiaux ont identifié plus d’une cinquantaine de planètes dites « habitables ». Cela ne veut pas dire que la vie y est aussi complexe que sur terre, mais qu’une forme de vie pourrait s’y développer. Ces déductions se font d’après la masse et la composition de ses planètes et leur place vis-à-vis de leurs étoiles. On remarque chez elles des similitudes avec la Terre, les scientifiques pensent qu’il y a donc une possibilité d’y abriter de la vie. Ce sont encore des hypothèses.
Dieu comme source de tout ce qui existe, est présent à toutes ces formes de vie. La Bible nous le montre présent à la création que nous connaissons : notre terre. Il porte ce monde, il l’accompagne et veut le mener à son accomplissement, il est même présent dans la Création, comme la source est présente à la rivière qui en coule.
S’il y a de la vie ailleurs que sur terre, Dieu est présent. En fait puisque Dieu existe avant toute chose, et qu’il est l’origine de tout ce qui existe, il est présent partout, qu’il y ait de la vie ou non.

 

3) Adam + Eve – combien d’enfants ? Garçons – filles se reproduisant entre eux ? consanguinité ?

C’est une question très difficile, qui fait parler deux sciences : l’étude de la Bible et la science de l’apparition de l’homme. (Vous pouvez passer directement à la question n°4)

Que dit la Bible ?
La Bible ne veut pas expliquer la manière dont l’homme est apparu ; ses écrivains n’en ont d’ailleurs pas les moyens et le récit serait plein de contradictions : Adam et Eve ont en effet deux premiers fils Caïn et Abel [4], Caïn a une femme [5] qui semble sortir de nulle part. Puis Adam et Eve ont Seth [6] puis « des fils et des filles » [7]. Difficile de bâtir un arbre généalogique !
Il y a une part de symboles, d’images dans le livre de la Genèse comme dans le reste de la Bible. Ces images nous conduisent à des enseignements ; de cette histoire de descendance un enseignement porté par la Tradition se dégage : Il y a un couple créé à l’image de Dieu : Adam et Eve ; de ce couple blessé par le péché vient une descendance dont nous faisons tous partie.

Que dit la science ? [8]
À partir du XVIIème siècle, plusieurs penseurs (Isaac La PEYRÈRE, VOLTAIRE par exemple), dans un mouvement d’opposition à la doctrine catholique de l’origine humaine issue de la genèse, développèrent le ‘polygénisme’. Cette théorie propose qu’il n’existe pas d’origine commune à l’humanité mais que celle-ci soit issue d’un certain nombre de souches.
La science, dans l’état actuel des connaissances, bien que ne reconnaissant pas l’origine de l’Humanité en un couple primordial unique, admet son origine dans une unique population. C’est donc le ‘monogénisme’ qui est actuellement admis.
Cette population originelle d’Homo Sapiens, groupe issu d’Afrique orientale aurait progressivement, au gré de vagues migratoires, peuplé les continents. Les différents groupes issus de cette population primitive, isolés dorénavant du reste de l’humanité auraient alors, par l’évolution [9], développé les caractères qui distinguent les peuples contemporains.
La science décrit l’émergence de l’homme – comme celle d’ailleurs des autres espèces – comme un processus lent et progressif.
Par le mécanisme de mutation génétique, de génération en génération, l’évolution permet à un groupe d’individus de développer de nouveaux caractères jusqu’à apparition d’une espèce nouvelle.

L’inceste systématique (et donc le phénomène de consanguinité), inéluctable dans le modèle biblique pris au mot, n’est donc pas nécessaire dans la vision scientifique moderne de l’apparition humaine puisque l’humanité, partageant bien une origine commune, ne serait pas issue d’un unique couple primordial mais d’une unique population primordiale.

En conclusion :
Il faut éviter le concordisme : vouloir à tout prix que science et Genèse s’accordent.

  • Pour la Genèse : le message ne veut pas décrire l’origine de l’homme mais sa raison d’être.
  • Pour la science : les connaissances sur l’apparition de l’homme sont encore parcellaires.

Notes :

  1. Genèse 4, 1-2.
  2. Genèse 4, 17.
  3. Genèse 4, 25 et Genèse 5, 3.
  4. Genèse 5, 4.
  5. Rédaction : Valentin DAGUISY.
  6. Pape PIE XII, Encyclique Humani Generis, 1950, in http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_12081950_humani-generis.html. « Le magistère de l’Église n’interdit pas la doctrine de l' »évolution », dans la mesure où elle recherche l’origine du corps humain à partir d’une matière déjà existante et vivante – car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu. ».

 

 

4) Pourquoi Dieu a mélangé les langages (tour de Babel) ?

L’épisode de la tour de Babel est évoqué en Genèse 11, 1-9. Il y a le récit littéral que nous ne pouvons totalement vérifier, mais à travers celui-ci la Genèse opère une mise en scène pour nous enseigner.

Je vous invite donc à relire ce très court passage. En vous interrogeant : pourquoi les hommes ont tous le même langage ? À quelle fin cela leur est utile ? Quelles sont leurs intentions lorsqu’ils construisent cette tour immense ?

– Historiquement : cette tour fait référence aux « ziggourats », pyramides de l’empire babyloniens. Le roi Nabuchodonosor, vers 1100 avant Jésus-Christ a d’ailleurs échoué à en bâtir une gigantesque.

– Symboliquement : cette tour représente les désirs sans limites de l’humanité et son incapacité à les assouvir. Ce n’est qu’une répétition de la tentation du serpent « vous serez comme des dieux » [10].

– Spirituellement : c’est le contraire de la Pentecôte. A Babel les hommes comptent sur leurs seules forces pour s’unir. A la Pentecôte c’est la Force de l’Esprit-Saint qui les unis au-delà même des langues. On voit le risque d’une fraternité universelle, d’une paix universelle qui se construit sans Dieu.

– Pour répondre : Dieu brouille leur langue unique en plusieurs langages, car cette langue unique, langue d’un peuple unique : les fils et filles d’Adam, est devenue le moyen de faire le mal [11].

Notes :

  1. Genèse 3,5.
  2. Cf. Racchi, Commentaire sur la Genèse : « Voici un peuple uni. L’avantage dont ils disposent, c’est d’être un seul peuple et d’avoir tous une même langue, et c’est ainsi qu’ils ont pu commencer à faire [le mal] ». In, http://www.sefarim.fr/.

 

Si homme et femme = Dieu. Le prêtre = homme seul et pourtant représente Dieu sur terre. Comment les prêtres peuvent-ils représenter Dieu en étant des hommes seuls ?

Cette question trouvera une réponse complète lors du « Petit-déjeuner de la foi » du 10 juin 2018, mais nous pouvons déjà donner quelques pistes.

– Le prêtre ne représente pas Dieu sur terre. Il est un homme comme vous. Il tient la place du Seigneur Jésus lorsqu’il donne les sacrements : par exemple à la messe il dit « ceci est ‘mon’ corps, livré pour vous », et non pas « ceci est ‘son’ corps ». L’Église dit qu’il agit dans la personne de Jésus. Il dit aussi « ‘je’ te pardonne tout tes péchés » lors de la confession. Autrement dit le prêtre est un instrument de Dieu dans les sacrements. Mais quand le prêtre fait la cuisine il ne tient pas la place de Jésus…

– Un homme seul est-il à l’image de Dieu ? Oui, une femme seule aussi, nous l’avons dit lors du « Petit-déjeuner », il y a plusieurs façons d’être image de Dieu : dans notre humanité : nous sommes des êtres spirituels et capable d’aimer ; le couple humain est à l’image de Dieu dans l’échange d’amour qui le constitue et avec les enfants procréés. Ce n’est pas le mariage qui nous fait être à l’image de Dieu, c’est notre création par Dieu ; le couple humain est cependant une expression forte de qui est Dieu.

 

« Dieu passe à travers nous pour nous parler. » Peut-on considérer un conseil d’un autre comme étant un moyen de Dieu pour nous parler (exemple : nous éclairer sur sa volonté) ?

« Dieu passe à travers nous pour nous parler » : en effet, le Catéchisme le redit avec force aux numéros 33, 34 et 35 : c’est une des voies pour connaître Dieu. Il nous parle en nous-même car nous sommes créés à son image.

– Dans le livre de Job est écrit : « Dieu parle d’une façon, puis d’une autre, sans qu’on y prête attention » [12]. L’expérience de la Bible le montre, il s’adresse à nous à travers des hommes : Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, les Prophètes etc. Même pour nous parler le plus directement, la Parole de Dieu s’est faite l’un de nous : c’est Jésus le Messie. Alors aujourd’hui on peut dire que Dieu se sert de mes frères pour me parler, « m’éclairer sur sa volonté » : ce que je dois faire, comment je dois le faire, ce que je dois dire, comment je dois le dire [13]. Mais il ne faut pas attendre des paroles toutes faites : Dieu ne va pas hypnotiser quelqu’un qui nous délivrera ensuite son message. C’est le don d’intelligence reçu à la confirmation qui va me permettre de comprendre le sens spirituel et profond de telle parole de mon prochain.

– Voilà ce qu’en dit le pape Benoît XVI : Comment pouvons-nous discerner la voix de Dieu parmi les mille voix que nous entendons chaque jour dans notre monde ? Je dirais que Dieu parle de façons très différentes avec nous. Il parle au moyen d’autres personnes, à travers nos amis, nos parents, le curé, les prêtres. […] Il parle à travers les événements de notre vie, dans lesquels nous pouvons discerner un geste de Dieu ; il parle également à travers la nature, la Création, et il parle, naturellement et surtout, dans Sa Parole, dans l’Écriture Sainte, lue dans la communion de l’Église et lue de manière personnelle en conversation avec Dieu [14].

Notes :

  1. Job 33, 14.
  2. Cf. Prière du Cardinal Verdier, « Ô Esprit-Saint ».
  3. Samedi 17 février 2007, le pape Benoît XVI a effectué une visite au Séminaire romain Majeur à l’occasion de la Fête de la Vierge de la Confiance, il répond aux questions de six séminaristes.